On croit qu'on oublie, mais on sait !

On croit qu'on oublie, mais on sait !

On ne s’en rend même pas compte.
Ce sont de petites choses. Des détails.
Des pensées qui reviennent doucement, sans prévenir. Rien de grave, rien d’important.

Juste les petits mouvements de la vie.

Un mail auquel répondre.
Une tâche à finir.
Un doute.
Un commentaire de quelqu’un.
Un rappel mental : “ah oui, il faut que je…”

Et voilà.
Sans le voir venir, l’attention s’est contractée.
On est reparti dans le film.

Ce n’est pas violent.
Pas spectaculaire.
Mais on n’est plus là.
On est ailleurs.
Pris dans le flot.
Pris pour quelqu’un.
Quelqu’un qui gère, qui pense, qui anticipe, qui espère.

Et avec ça revient l’agitation.
L’impression d’avoir perdu quelque chose.
Sans savoir dire quoi.

C’est subtil.
On peut passer toute une journée comme ça. Une semaine. Une vie.
À courir dans la tête.
À chercher quelque part ce qu’on a oublié ici.

Mais ce qui est étrange, c’est qu’on ne peut jamais totalement oublier.
Même quand c’est enfoui sous les couches de bruit, il y a ce goût en fond.
Ce rappel.
Que quelque chose est là.
Toujours.
Indifférent à nos errances.

Et parfois, dans un moment de silence, ça réapparaît.
Pas avec fracas.
Mais comme une évidence.
On est de retour à la maison.
Sans avoir eu besoin de faire un pas.

Le chez soi intérieur n’était pas perdu.
C’est juste l’attention qui était partie ailleurs.
Et quand elle revient, on se souvient.
Ce n’est pas nouveau.
Ce n’est pas une découverte.
C’est un simple retour.

Et même quand on l’oublie à nouveau, on sait.
Quelque chose en nous sait.
Il n’y a plus de réelle confusion possible.

C’est comme si, une fois qu’on a reconnu cet espace, même un oubli ne peut l’effacer.
Le film peut reprendre, oui.
Les pensées peuvent revenir sur la pointe des pieds, se remettre à tourner.
Mais on n’est plus tout à fait dupe.

Il y a un appel silencieux, constant, qui nous ramène.
La vie elle-même devient rappel.
Un mot, une sensation, une douleur, un moment de pause.
Tout peut être une invitation à revenir en soi.

Et parfois, on n’y répond pas.
C’est OK.

Mais d’autres fois, on s’arrête.
Et là, tout est là.
Rien n’a jamais bougé.
Le chez soi est toujours là.
Silencieux, stable, évident.

Et on sourit.
Pas parce qu’on a trouvé quelque chose.
Mais parce qu’on se souvient.