Le pardon, tel qu’il est souvent perçu à travers le prisme du mental, semble un acte de clémence envers autrui, une sorte de grâce accordée à celui qui nous a offensé. Mais cette vision, bien qu’empreinte de noblesse, est en réalité une illusion, une construction de l’ego qui entretient l’idée de séparation et de jugement. Dans une perspective non-duelle, pardonner quelqu’un n’a pas plus de sens que de pardonner une abeille qui nous aurait piqué ou la pierre sur laquelle nous nous serions trébuché.
En effet, lorsque nous voyons la vie à travers les yeux de la non-dualité, nous comprenons que tout est une expression unique de la même source. Les actions, les réactions, les événements ne sont que des manifestations de cette unité.
L’idée même de pardon devient alors obsolète, inutile, car elle repose sur la notion erronée de dualité, de séparation entre le soi et l’autre.
Imaginez un instant que vous vous trouvez dans un état de pleine conscience, où chaque être, chaque objet, chaque situation est perçu comme un aspect de vous-même. Dans cet état de présence totale, pardonner quelqu’un pour une offense serait aussi absurde que de pardonner à une abeille son instinct naturel de défense ou à une pierre son immuabilité. L’abeille pique, la pierre est là – elles ne sont ni bonnes ni mauvaises, elles sont simplement ce qu’elles sont. De même, les actions des autres, quand elles sont vues sans le filtre du jugement, sont simplement des événements dans le flux de la vie.
Le véritable pardon dans une vision non-duelle
Le véritable pardon dans une vision non-duelle n’est donc pas un acte que nous faisons pour autrui, ni pour nous-même, mais un éveil à la réalité de notre unité essentielle.
C’est une reconnaissance que la véritable offense, le véritable jugement, ne sont que des illusions créées par le mental pour maintenir l’illusion de séparation. En abandonnant ces illusions, nous nous libérons de la souffrance qu’elles génèrent.
Ainsi, dans cette compréhension, le pardon devient superflu.
Ce qui est nécessaire, c’est l’éveil à notre véritable nature, à cette conscience qui embrasse tout sans jugement ni condition. C’est un retour à l’état d’innocence originelle, où tout est accepté tel quel, où la vie est vécue dans sa pure simplicité, sans besoin de pardonner ou de juger.
L’invitation est donc de transcender le besoin de pardon
En réalisant que, dans l’unité de la conscience, il n’y a rien à pardonner, tout simplement, car il n’y a jamais eu de séparation, jamais eu de réel offenseur ou offensé.
Il y a juste la vie, fluide et parfaite dans son expression infinie.