Quand nous nous retrouvons en face de nos blessures (et le rejet en est une), le fonctionnement habituel du mental est de repousser la blessure pour supprimer la souffrance. Ce comportement s’est développé très tôt dans notre enfance et il s’active comme un réflexe, la plupart du temps, sans que nous en soyons même conscients. Ce fonctionnement est comme programmé et à chaque fois que quelqu’un ou quelque chose appuie sur le bouton « blessure » alors une réaction de protection se déclenche. Il existe tout un tas de réactions différentes, les stratégies mentales sont très nombreuses pour empêcher de sentir la douleur. Mais on peut les classer en 3 grandes catégories : la lutte, la protection ou le déni. C’est un réflexe très animal. Si vous regardez la nature, vous retrouverez ces 3 façons de faire face au danger. En fonction des races, des forces et/ou des circonstances vous pourrez voir l’animal fuir, attaquer ou se cacher.
Et si ces attitudes animales sont utiles nécessaires face à un réel danger, il n’en reste pas moins qu’elles en deviennent dévastatrices si elles s’activent sans arrêt face à toutes sortes de situations où le danger n’existe pas vraiment. Il y a comme une tension permanente de survie, un stress presque continu qui est extrêmement éprouvant, fatiguant et souffrant pour l’être humain. Bien plus souffrant que la douleur de la blessure qui, quand elle sera rencontrée une fois pour toutes, pourra se dissoudre totalement et stopper net toutes les fonctionnements automatiques de protection. Et c’est juste là que se trouve la paix.
En fait, l’instinct de survie naturel du corps a été récupéré par le mental pour sauvegarder le personnage, soit l’image et la représentation mentale de ce que vous croyez être.
Lorsqu’on souhaite sortir de ce fonctionnement, la première chose consiste à voir, à prendre conscience de tous nos moyens de protection. C’est seulement quand on est conscient de son fonctionnement, quand on est conscient de la fatigue et de l’énergie que cela nécessite que naturellement ce fonctionnement va s’évaporer jusqu’à disparaître. C’est ça le « lâcher prise », ce n’est pas quelque chose que l’on peut faire, c’est quelque chose qui arrive naturellement quand on réalise que toutes nos tentatives pour ne pas souffrir sont des fuites, des luttes ou des dénis. D’ailleurs le « lâcher prise » est très souvent une des stratégies préférées du mental pour nier ce qui est là.
Je ne peux donc pas vous donner de truc ou de méthode pour ça, mais je peux uniquement vous aider à reconnaître vos propres fonctionnements de défense. C’est le seul truc possible !
Pour se faire, voici une liste non exhaustive de différentes choses qui sont des réflexes et des stratégies pour ne pas sentir sa blessure. Elle vous aidera, je l’espère, à reconnaître certaines de vos attitudes et à prendre conscience d’autres que vous ne redoutiez absolument pas.
Bien entendu, ces exemples doivent être replacés dans leur contexte. Il ne faut pas faire de conclusion hâtive et décréter que chaque fois que telle chose se passe, cela signifie que vous êtes en train de fuir. C’est à vous seul de regarder sincèrement si ces choses sont des tentatives et des stratégies pour ne pas rester avec le ressenti de la blessure.
– Ruminer, se plaindre, se croire victime, critiquer, accuser l’autre, …
– Méditer, respirer, être conscient ou présent, faire du yoga, marcher, courir, …
– Être gentil, compréhensif, dans la gratitude, dans la paix, ne pas être touché, rester zen, …
– Se dire que c’est le karma, une illusion, un auto-sabotage, la loi de l’attraction, la vibration, …
– Faire la fête, chanter, boire, regarder la télé, sortir avec des amis, …
– Crier, se fâcher, justifier, argumenter, négocier, …
– Partir, se séparer des gens, voyager, s’isoler, …
– Trouver des solutions, réfléchir, planifier, faire des projets, atteindre des buts, …
– Défendre ses valeurs, tenter de sauver le monde, la planète, les pauvres, les gens malades, …
– Avoir une hygiène de vie irréprochable, bien manger, bien dormir, …
– Travailler, faire des formations, des stages, lire des livres, regarder des vidéos,…
– …
En fait, presque tout peut être utilisé comme distraction, comme porte de secours pour quitter la sensation et la douleur d’une blessure que vous rencontrez. Le tout est de regarder très honnêtement si ces choses ne sont pas un moyen mental de détourner l’attention pour fuir ce qui est là.